Ce mémoire décrit une sélection de travaux développés durant ces dix dernières années, tout d'abord en tant que Maître de conférence dans l'équipe ComplexNetworks du LIP6 (Sorbonne Université) puis en tant que chargé de recherche au CNRS au sein du laboratoire ISP (ENS Paris-Saclay, Université Paris-Saclay). Ces recherches s'articulent autour de l'analyse et la modélisation des réseaux rencontrés en pratique, avec une attention particulière pour des structures multiparties.
Le premier chapitre de mon mémoire illustre cette approche en montrant comment analyse et modélisation des graphes bipartis sont étudiées conjointement afin de rendre compte de la structure réelle des réseaux et comment cette compréhension peut ensuite servir d'autres taches, notamment dans le domaine de la recherche d'information.
Deux cas particuliers d'utilisation de ces approches sont ensuite détaillés. Tout d'abord, le deuxième chapitre montre comment la représentation des réseaux par des graphes multipartis, associée à des marches aléatoires contraintes et des indicateurs de dispersions, permet de quantifier une notion de diversité des nœuds dans les réseaux. Cette approche théorique est appliquée sur des jeux de données d'écoute musicale en ligne afin de mesurer à la fois la diversité des utilisateurs, mais aussi des effets des recommandations algorithmiques issues des plateformes en ligne.
Enfin, le troisième et dernier chapitre rend compte d'une recherche interdisciplinaire conduite avec des collègues juristes. Elle s'attache à analyser les corpus de documents juridiques à l'aide de graphes multipartis afin d'identifier quelles dynamiques de citation permettent à des jugements de devenir influent dans une jurisprudence. Plus encore que les résultats en matière d'analyses réseau de différentes cours internationales, cette partie ambitionne de montrer que les recherches qualitatives et quantitatives ne sont pas antagonistes, mais au contraire se complètent pour fournir une image plus fidèle à la réalité de la jurisprudence des cours.
En guise de conclusion, je discute comment les travaux développés dans les chapitres 2 et 3, bien que très indépendants, convergent vers une ligne de recherche interdisciplinaire qui me semble très prometteuse en montrant de quelle manière nous pouvons étudier l'intérêt, la faisabilité et la place des approches informatiques dans le domaine juridique en ayant pour ambition de remettre les praticiens au centre de l'expertise.