Décès de Jean Vignes
Nous avons le regret de vous annoncer le décès de Jean Vignes (1933 - 2021). Avec Jean Vignes, c'est un des pionniers de l'informatique en France qui nous quitte. Sa carrière fut atypique. Il joua un rôle considérable dans l'émergence de cette discipline au sein de notre université. Il a dès l'origine fait partie de l'équipe de direction des Anciens Personnels de l'UPMC.
Avec Jean Vignes, c'est un des pionniers de l'informatique en France qui nous quitte. Sa carrière fut atypique. Il joua un rôle considérable dans l'émergence de cette discipline au sein de notre université. Il a dès l'origine fait partie de l'équipe de direction des Anciens Personnels de l'UPMC.
Il était ingénieur de formation, et il a exercé pendant 10 ans à l'Institut français du Pétrole (IFP). C'est lui qui a inauguré, puis dirigé, l'utilisation de l'ordinateur pour résoudre les multiples problèmes des différentes divisions de l'IFP. Son activité conjuguait les mathématiques appliquées et leur mise en œuvre sur ordinateur, le conduisant à une thèse d'État en 1969. Jacques Arsac l'a alors attiré à la Faculté des Sciences comme Maître de Conférences (au sens ancien du terme : aujourd'hui professeur de 2ème classe). Bien vite il a pris des responsabilités administratives et il a dirigé pendant 10 ans l'UFR d'Informatique, à un moment clé de son existence.
Dans les années 1970, l'Institut de Programmation avait quitté la rue du Maroc pour s'installer place Jussieu comme UER 110. Le "gril Albert" n'était pas encore achevé, la tour centrale s'élevait. L'informatique amenait plus de mille étudiants, elle avait besoin de locaux et d'équipements. Pour les autres disciplines qui avaient de longue main planifié leur organisation dans la nouvelle Faculté des Sciences, elle n'était pas la bienvenue. En tant que directeur de l'UER, Jean Vignes fut donc sur la brèche pour défendre, puis étendre son espace vital. Nul doute que ses qualités humaines, sa gentillesse - mais aussi sa persévérance - ont joué un grand rôle dans le développement de l'UER, puis UFR d'informatique, de ses enseignements et de ses laboratoires.
Au début des années 70, avec Michel La Porte, Jean Vignes a développé la méthode CESTAC (Contrôle et Estimation STochastique des Arrondis de Calcul) qui permet d’estimer la propagation des erreurs d’arrondis lors de l’exécution d’un programme de calculs sur ordinateur. Il a ainsi fondé l’école française de l’approche probabiliste des erreurs d’arrondi en dirigeant son équipe de recherche qui est devenue l’équipe PEQUAN du LIP6. À la fin des années 80, la méthode CESTAC a été implémentée via le logiciel CADNA (Control of Accuracy and Debugging for Numerical Applications), toujours distribué par le LIP6. Ses élèves René Alt († 2017) et Jean-Marie Chesneaux ont prolongé son action, appréciée par des mathématiciens de renom comme James Wilkinson ou Claude Brézinski. Près d’un demi-siècle plus tard, la méthode CESTAC de Jean Vignes est toujours d’actualité et continue à faire l’objet de nouveaux développements.
Jean Vignes était originaire de Condom, dans le Gers, où il sera inhumé. Il en cultivait l'accent et la faconde. Sa générosité, ses qualités de cœur ont touché tous ceux qui l'ont côtoyé.
Il était officier de l’ordre des Palmes Académiques, chevalier de l’ordre national du Mérite et chevalier de la Légion d’Honneur.
Les Anciens se souviennent avec émotion de sa présence souriante, de ses conseils avisés, et de la mémorable visite au château de la Malmaison où ils avaient fêté son 80ème anniversaire.